Effondrisme, survivalisme, relation au sauvage, collectivisme…

La vie du collectif | 2 commentaires

Par Alex,
le 20 septembre 2023.

Le concept d’effondrement, la volonté d’un autre chose qui nous y préparerait « sereinement », la stratégie de Brangoulo pour y arriver… Alex, fondateur du Collectif de Brangoulo livre sa vision et le pourquoi d’un projet comme celui-ci.

La fin d’un modèle

Seuls quelques hurluberlus le contestent encore : notre modèle civilisationnel ultra consommateur de ressources est à bout de souffle. Changement climatique, sixième extinction de masse de la biodiversité, fin de ressources stratégiques pour lesquelles aucune alternative n’a été à ce jour identifiée, crise énergétique, pandémies… A ces fléaux, conséquences des activités humaines « civilisées », s’ajoutent aujourd’hui l’accroissement des inégalités, le mépris des classes politiques pour les luttes sociales et écologiques, les violences policières, les lois sécuritaires… Compliqué de dire si nous fonçons dans un mur qui nous fera chuter violemment ou si nous parviendrons à transitionner « pépères » vers un modèle plus économe en ressources, plus doux pour tous.

Anthony Brault, « Faim de pétrole », en 2013. Une des premières vidéos que j’ai vue sur le sujet de notre hyper-dépendance au pétrole. Un déclic qui date pour moi de 2018.

« Couler en beauté ou flotter sans grace » ?

On peut se dire que tout cela est de l’alarmisme ; que rien ne presse ; que tout ne s’effondrera pas du jour au lendemain. Et,  quand bien même cet effondrement était inéluctable, on pourrait choisir de « profiter de ce qui reste, car survivre ne fait vraiment pas rêver : autant couler en beauté ».

On peut se dire que l’Homme a toujours trouvé des solutions techniques à ses problèmes, qu’il est inventif, qu’il trouvera toujours un moyen de traverser ces crises… « On ne va quand même pas tout changer du jour au lendemain : on trouvera bien des solutions le moment venu ! » En attendant, on peut trier ses déchets et ne plus laisser couler l’eau pendant qu’on se brosse les dents. En revanche, décroître, réduire notre niveau de confort, est inconcevable pour beaucoup.

On peut tenter de se faire entendre, de se révolter, de désobéir ou de détruire les symboles de la domination du profit d’une poignée d’hommes face à l’intérêt général, condamner le capitalisme et le libéralisme.

On peut tenter de construire un monde nouveau : un monde où l’on vit à la hauteur de nos moyens terrestres.

Un monde nouveau, on en rêvait tousMais que savions-nous faire de nos mains ?Zéro, attraper le BluetoothPresque rien, presque rien
Feu! Chatterton, 2021 (👉 écouter la chanson)

Un monde… pas si nouveau que cela, en fait

En quelques dizaines d’années, l’homme « moderne » a dégradé son milieu de manière irréversible. Le confort matériel qu’il a gagné lui a fait perdre tout lien avec ses besoins essentiels : cultiver, cueillir, chasser, s’abreuver, se chauffer par ses propres moyens… En deux générations, nous (Homme de la ville ou des cités pavillonnaires) avons perdu les connaissances fondamentales/primaires accumulées depuis des millénaires. Une coupure de courant, une pénurie d’essence… Qui saurait se débrouiller pour nourrir sa famille face à un hypermarché vide ? Qui saurait aujourd’hui se soigner sans recours à des produits issus du pétrole ou transportés grâce à lui ? Construire sa maison sans parpaings de ciment ? Eh bien… Plus grand monde… Du moins en occident. Ah ! Mais si… Les laissés pour compte de la modernité, certains habitants modestes des campagnes qui n’ont pas su ou voulu tirer parti du modernisme agricole, peut-être. Les pauvres non asservis. Le monde paysan, qui est resté connecté avec son milieu, qui vit encore parfois en lien étroit avec les animaux sauvages qui l’entourent, qui élève ses quelques poules et prend soin de son potager. Il est loin d’idéaliser une Nature de carte postale et de sous-traiter l’abattage de sa viande à une usine agro-industrielle. Il n’est pas chasseur-cueilleur d’hypermarché. Il est partie intégrante de son environnement. Il chasse et, parfois, il adopte un bébé renard.

Réduire notre niveau de confort, décroître, retourner aux champs à la force de nos bras…. Cela ne fait pas rêver grand monde. Et puis il va falloir expliquer à nos enfants que, oui, leurs parents ont bien profité, qu’on a tout cramé… Qu’il va falloir faire avec beaucoup moins.

Plus on est de fous, plus y a de riz ou Le pari du collectivisme

Ces campagnes où l’on savait faire preuve de solidarité survivent par endroit en occident. Le chasseur partageait le fruit de sa chasse, les excédants du potager étaient aussi partagés, tout le monde se retrouvait dans les champs pour les grands travaux saisonniers. On mourait à 40 ans, ou pas loin…Pour parler survivalisme c’est-à-dire l’organisation de sa survie et de celle de ses proches dans des conditions dégradées (catastrophes naturelles, accidents industriels, virus transformant ses voisins en zombies ou pénurie dans les hypermarchés…), il pourrait être tentant de se préparer en faisant des réserves de pâtes et d’antibiotiques pour les 10 prochaines années, de s’armer jusqu’aux dents pour protéger son bunker. Et après ? En prenant un peu de recul, on fait un retour sur sa propre histoire et sa relation à la médecine moderne… Il est compliqué de s’en passer. Je n’aurais pas passé les 25 ans il y a 100 ans. Si j’avais atteint les 35 ans, mon fils et ma compagne seraient morts en couche. Ma fille ne serait jamais née. D’ailleurs, je n’aurais pas rencontré ma compagne, du moins, pas sur Internet.

Passées ces considérations sur le confort moderne et la puissance de sa médecine, on cherche ce qui pourrait nous rapprocher d’un « optimal » soutenable… Un hameau avec des expertises dans des domaines variés essentiels, dont la cohésion, la santé, la production et la conservation de la nourriture… Tous ces trucs qu’on a sous-traités et qu’on ne maîtrise plus à l’échelle du foyer. On peut faire le pari de la coopération, tiens !  Apprendre à nos enfants qu’on peut travailler ensemble, qu’on est plus fort à plusieurs. Leur montrer que complémentarité, inter-opérablité, connaissance de soi et des autres permettent d’aller plus loin, et même parfois d’aller plus vite… Le défi humain est de taille, ces 3 dernières années à Brangoulo nous le confirment.

La Série TV « Effondrement », première fiction télévisuel réaliste sur la question : sans zombi ni événement apocalyptique ! « Le Hameau » évoque la peur du rejet, la solidarité, le collectivisme.

Plutôt que d’installer des barbelés, nous tissons des liens avec nos voisins et tentons de produire les semences qui nous seront nécessaires pour se relever collectivement. Retrouver les savoirs de nos (arrière-)grands-parents, savoirs que l’on peut en partie encore trouver dans le monde paysan. Réduire notre niveau de confort pour se rapprocher du soutenable par nos propres moyens, se ré-approprier notre capacité de subsistance : abri, chaleur, eau, nourriture, s’assurer de la pérennité de ces ressources.

C’est le pari de Brangoulo.

 Brangoulo est collapsonaute et actif. Un brin survivaliste… Le collectivisme n’est pas une fin en soi, c’est la seule voie envisageable et c’est ce que nous souhaitons voir survivre de l’Humanité s’il fallait traverser des moments durs.

 » Yeah ! #Résilience #Action #NouveauxRepères / Je m’adapte ! Je change ! Je teste ! Je m’engage ! « 

👇

Courbe de deuil collapso

Quelques références pour approfondir

Ouvrages sur l’effondrement

Ouvrages sur le rapport au sauvage

Podcast

  • Alexia Soyeux, depuis 2018, Présages
  • ThinkerView

Fictions

Associatif

  • Association Adrastia, association qui porte un regard scientifique sur la finitude de notre modèle civilisationnel, et accompagne les individus et les collectivités dans la prise de conscience et la mise en mouvement. L’association sera dissoute lorsqu’il aura été démontré scientifiquement que l’effondrement de notre modèle n’est pas inéluctable.

2 Commentaires

  1. Avatar

    Je suis mal à l’aise avec cet article… c’est comme s’il y avait un double discours : celui du texte, plutôt ouvert et optimiste, et celui des photos et vidéos, plutôt alarmiste voire carrément pessimiste (jeu vidéo Fallout)

    Cet article propose, à mes yeux, un ton bien différent des autres articles du site. Ici la notion de Peur apparaît pour la première fois, bien mise en valeur par les illustrations.
    Brangoulo est collapso ok, mais survivaliste ?…

    Je me demande ce que « un brin survivaliste » peut signifier… quels changements cela va-t-il entraîner dans les stratégies de Brangoulo pour parvenir à une relative autonomie ?

    Quand je lis Survivalisme, je pense Repli sur soi, Méfiance, Armes à feu… qu’en sera-t-il à Brangoulo?
    Que signifie le « un brin »?

    Réponse
    • Avatar

      Bonjour Maïlys,
      Oui, le changement, l’inconnu font souvent peur. J’ai sincèrement du mal à imaginer une prise de conscience de l’échec de notre modèle sociétal sans passer par une phase de peur de ce qui nous attend. Je tente dans cet article de montrer plusieurs manières de répondre au constat d’une société qui ne tient plus. A Brangoulo, il s’agit de construire une capacité à traverser ce changement. On ne s’en cache pas, c’est écrit noir sur blanc : « nous nous organisons pour traverser la fin d’un modèle auquel on ne croit plus ». C’est une démarche constructive très rationnelle.
      Je suis issu de la recherche universitaire dans la gestion des risques naturels. La gestion des risques consiste à évaluer l’aléa (un phénomène dont on ne connait pas le moment ou l’intensité avec laquelle il va intervenir), on évalue les enjeux et la vulnérabilité d’une communauté face à cet aléa (sa propension à être affectée par cet aléa) pour quantifier le risque (de manière simpliste, Aléa x Vulnérabilité = Risque). Dans ma carrière, j’ai toujours eu à faire à des aléas non maitrisables (les tsunamis et autres raz de marée), et me suis donc focalisé sur la réduction des vulnérabilités. C’est ce que toute société fait, mais ça ne se voit pas forcément : il s’agit des plans de préventions des risques. Dans les pays les plus favorisés, ce sont les institutions qui en sont en charge (la Sécurité Civile) : elles élaborent des scénarios, identifient leurs vulnérabilités, les réduisent et organisent des réponses (évacuation, confinement, etc.). A ce jour, nos institutions ne proposent aucune mesure de réduction de nos vulnérabilités face à un risque de rupture d’approvisionnement de nos hypermarchés. On commence à peine à parler des souveraineté alimentaire dans certains territoires, mais sans jamais remettre notre modèle en question. On n’est clairement pas à la hauteur des enjeux. Ce que j’ai été amené à faire dans ma carrière lorsque les institutions étaient défaillantes a été d’accompagner des communautés locales à s’approprier la question et à développer d’elles même leur capacité de réponse (« CBDRM », le sujet est passionnant). C’est ce que je propose à Brangoulo : développer une capacité de subsistance non dépendante de nos institutions. La stratégie : réduire nos besoins et maitriser eau, alimentation et énergie à l’échelle d’une petite communauté de 20-40 personnes, grace à l’entraide et le partage. Ce n’est pas une réaction de repli, c’est un principe de précaution. Pour moi, ce n’est rien d’autre que se responsabiliser face à un risque. J’ai envie de dire « nous sommes tous survivalistes » car responsables de notre survie. Ou alors on décide de détourner le regard.
      Se préparer, ca peut se faire dans la joie, la bonne humeur et c’est prendre soin de soi et de ses proches.

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Un repas ALPHA-B

Ateliers et événements de l’Asso

Les associés en avril 2022

Vie du Collectif

Étal des Jardins juillet 2022

Les Jardins

Le bâtiment D, "Dix-Sept"

Le Bâti