Le mandala, actuellement géré par l’Association ALPHA-B, prend forme, petit à petit, entre restauration du sol et production de semences. Entre utilités et inspirations. Entre aromatiques et esthétique. Au service de la biodiversité et d’une agriculture douce. Une activité ouverte aux adhérents Alpha-B.
Un espace de reconnexion
Disons le tout net, le Mandala de Brangoulo n’est pas un espace dédié aux rituels bouddhistes, mais « juste » un motif agricole et aquatique dédié à la biodiversité et aux expérimentations. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas y faire, de temps en temps, une expérience mystique. On voit souvent Maïlys en contemplation méditative, immobile sur le banc qui surplombe la zone et d’autres membres du petit groupe de bénévoles ressentent régulièrement la fameuse hypnose du désherbage, favorable à la connexion avec le grand tout, ou le petit rien. La joie du contact avec la terre fait évidemment partie du projet. Mais il y a des intentions prosaïques, aussi.
Cet espace circulaire est occupé en son centre par une mare de 10m de diamètre et entouré d’un cercle de 50m de diamètre sur lequel alternent jeunes arbres et petites buttes. Entre la mare et le cercle extérieur, un labyrinthe d’allées et de parcelles courbes, dans lequel il est parfois un peu compliqué pour les visiteuses et visiteurs de se repérer. La lisibilité de ce qui s’y passe est meilleure après une bonne tonte des allées (merci Corinne) et progresse à mesure que la signalétique se met en place (merci Maïlys).
Compagnonage et réhabilitation
A ce jour, plus des deux tiers de la surface sont encore sous la domination du rumex, une plante à forte racine pivot, qui pousse spontanément dans les sols assez endommagés, notamment trop compacts. Une des premières dimensions du projet Mandala est donc d’expérimenter la coopération/cohabitation avec le rumex, mission d’utilité publique car les sols endommagés sont légion. Si nous arrivons en quelques années à tirer des conclusions, elles pourraient se traduire en recommandations aux jardiniers et maraîchers confrontés à la situation. C’est passionnant, si on accepte l’idée qu’on en a pour plusieurs années avant d’avoir le fin mot de l’histoire.
Les cultures engagées en cohabitation avec le rhumex sont diverses. Les bordures des allées se garnissent progressivement de plantes vivaces, le plus souvent aromatiques, de sortes que chaque allée a son odeur particulière, lavande, sauge, ou sa texture particulière rampante ou érigée, ou sa couleur originale, du vert pâle de la marjolaine aux boules violettes de la ciboulette. Le corps des parcelles est plutôt consacré aux plantes annuelles, mais il y a quelques exceptions. Une dizaine de mètres de la grande couronne héberge l’oseraie, et un secteur de la petite couronne est progressivement occupé par deux pieds de sarrasin vivace qui s’étendent chaque année, dont nous voulons observer le comportement dans la durée. Il y a aussi plusieurs espèces de plantes tubéreuses, qui une fois installées, se reproduiront sur place chaque année : ocas du pérou, hélianthis et topinambours.
Un espace d’expérimentation
L’été dernier une grande variété de fleurs ont été cultivées pour constituer un stock de semences. Des bisanuelles ont également été installées, qui devraient produire leurs semences cet été. Cette année l’accent est plus mis sur les légumineuses : haricots nains grimpants, espagnols et mungo, lentilles, doliques, niébé, lupins, fèves et féveroles, et même un premier essai d’arachide ! L’objectif n’est pas de produire directement de la nourriture, mais d’acclimater les espèces pour en faire des populations adaptées à notre sol, et à des pratiques culturales sans travail du sol et sans intrant. Les céréales sont également invitées à s’acclimater : seigle, avoine, blé poulard, maïs, tournesols, mil, et même un petit carré de riz !
L’ensemble du travail est piloté par Isabelle, imaginé en dialogue avec les maraîchers et conduit en compagnonnage avec un petit groupe d’adhérents Alpha-B, qui viennent selon leurs disponibilités, surtout les jeudis, et découvrent petit à petit des espèces végétales ou des gestes qu’elles ne connaissaient pas encore.
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